EVIRED est un système expert permettant de mieux préserver la vision des patients diabétiques grâce à son caractère prédictif.
Le Centre de Santé Broca (15.100 patients suivis en 2019) est doté de dispositifs à la pointe de l’innovation et d’une offre complète de soins médicaux, dont un pôle ophtalmologie spécialisé dans la prise en charge des pathologies rétiniennes.
Placé sous la responsabilité du Professeur Pascale Massin (1) cette unité médicale permet le dépistage de la rétinopathie diabétique et la prise en charge des affections rétiniennes (RD, DMLA, occlusions veineuses, etc.). Composé d’un rétinographe couleur, d’un angiographe numérisé, OCT/angiographie, d’un laser multipoints et d’une salle d’injections intravitréennes, son plateau technique vient de s’enrichir d’un matériel d’appareils d’imagerie avant-gardiste. Il va mettre le projet EVIRED sur les rails.
En France, on estime que 3,5 à 4 millions de personnes sont diabétiques. Parmi elles, environ un tiers sont atteintes de rétinopathie diabétique. Cette complication du diabète sucré touche les vaisseaux sanguins de la rétine. Elle provoque notamment une prolifération de vaisseaux anormaux qui, à terme, créent des dommages irréversibles. Si elle n’est pas soignée à temps cette pathologie conduit à la cécité
Le projet Evired a pour but de développer un système de diagnostic et d’aide à la décision améliorant la prise en charge de cette maladie silencieuse. « Il s’agit d’un système expert prédictif mis au point dans le cadre d’un consortium regroupant notamment le fabricant d’optique Zeiss et le laboratoire d’Intelligence Artificielle de Brest », explique le professeur Massin.
L’objectif d’EVIRED est de réformer une classification établie de longue date sur la base de techniques d’imagerie insuffisantes pour diagnostiquer et prédire avec précision l’évolution de la rétinopathie diabétique.
Porté par le Pr. Ramin Tadayoni de l’hôpital Lariboisière, « ce nouveau système expert analyse les données des appareils modernes d’imagerie du fond d’œil grâce à son intelligence artificielle ainsi que les autres données médicales du patient », reprend le professeur Massin.
Le centre Broca de la Mutuelle Générale joue un rôle clé dans le développement de cette technologie innovante : « nous allons sélectionner une cohorte de 5000 patients diabétiques en 2021. Ils passeront des examens en utilisant ce matériel d’imagerie médicale d’une finesse extrême, raconte le professeur Massin. Grâce à l’algorithme du système nous parviendrons à un diagnostic plus juste sur la sévérité de la rétinopathie diabétique tout en obtenant une prévision de son évolution ».
Ce sera la première fois qu’une classification médicale est remplacée par un système expert évolutif permettant de mesurer la sévérité de la maladie et de déterminer ses suites potentielles au cas par cas, selon le profil médical de chaque patient. Evired contribuera aussi à la démocratisation de l’expertise ophtalmologique, à la réduction du coût des soins de santé et au développement de nouveaux traitements préventifs.
Progrès chirurgicaux
Les progrès de la chirurgie ophtalmologique jouent aussi un rôle essentiel dans la préservation de la vue des patients. « Nous sommes déjà à un stade de sophistication avancé, souligne le professeur Massin, mais je pense que la robotisation nous permettra encore d’améliorer la précision des gestes techniques, nécessaires puisque nous travaillons parfois sur des membranes épaisses d’à peine quelques microns. Certains chirurgiens utilisent déjà la 3D lors de leurs interventions. Cette technologie ne révolutionne pas la chirurgie, mais elle présente différents intérêts, par exemple en matière d’enseignement ».
Prévenir, c’est guérir : pour conserver ses yeux en bon état le plus longtemps possible, la première précaution est d’aller voir régulièrement un ophtalmologue, notamment si on est diabétique, car une pathologie comme la rétinopathie évolue de façon souterraine, sans signe d’appel.
« Certains patients souffrent aussi de glaucomes et ne s’en rendent pas compte. Lorsque les complications interviennent, les dégâts sont déjà là. C’est dommage, car nous disposons des technologies nécessaires pour soigner efficacement ces pathologies si elles sont prises à temps », rassure le professeur Massin.
Pour préserver ses yeux le plus longtemps possible, mieux vaut les protéger du soleil et privilégier une alimentation saine, notamment en consommant des poissons gras (saumons, etc.) et des légumes (brocolis, etc.) riches en antioxydants. S’exposer au soleil avec mesure est aussi bénéfique, car cela permet de ravitailler l’organisme en vitamine D.
« Il est en revanche nécessaire d’éviter de fumer, car la consommation de tabac augmente notamment les risques de cataracte et de sécheresse oculaire », recommande le professeur Massin qui avertit que l’apparition de troubles (déformation visuelle, perception d’éclair lumineux, amputation du champ visuel, saignements, etc.) doit conduire à consulter immédiatement un ophtalmologue.
1 : Ancienne interne des Hôpitaux de Paris et chef de clinique-assistante, Pascale Massin est ophtalmologiste. Professeur des Universités à l’Université de Médecine Paris 7, et Praticien Hospitalier au sein du Pôle « Neuro-Sensoriel Tête et Cou » elle a dirigé le service d’ophtalmologie de l’Hôpital Lariboisière. Elle a a également été médecin investigateur, au Centre d’Investigation Clinique du Centre Hospitalier National Ophtalmologique des Quinze-Vingt.